lundi 16 mai 2011

Midnight with Woody

Allez, avouez. Si vous êtes passé à Paris ou y avez vécu, vous avez médité ou rêvé de vous immiscer un instant dans le Paris d'une autre époque. Si vous avez fait un Bac L, que vous avez étreint le Folio n°37*, vous savez qu'André Breton a associé l'Amour à Paris, ce film est pour vous !

Gil (Owen Wilson, petit clone de Mister Woody tant par les mimiques que par le bafouillement) est un écrivain en devenir, pris entre sa fiancée (Rachelle MacAdams) et son mariage à venir, et son impossible nostalgie de s'installer dans le Paris des années 20, Âge d'Or de la création littéraire et artistique. Un soir, aux douze coups de minuit, le voilà transporté à la table d'Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald...!


Même quand il fait du mineur, Woody s'en sort avec les honneurs. Ce New-Yorkais amoureux de Paris nous livre SA capitale sur fond de cartes postales, de lieux magiques et de jazz en bord de Seine. Une image d'Epinal certes, mais revisitée avec fraîcheur et humour, même si la réalisation n'est pas originale**. Les dialogues sont savoureux, parfois piquants, toujours délicieux. Wilson, l'acteur comique-gras américain surprend dans ce rôle d'écrivain fantasque. Ensuite il y a la blonde fatale Inez-Rachel, la brune piquante Adriana-Marion Cotillard, et une foule d'acteurs qui tiennent bien leur rôle, même cette chère Carla, et une bonne surprise au casting...! J'ai aussi bien aimé le personnage de Paul, le pédant expert en tout (surtout en narcissisme).

Pour le reste, Woody Allen a regardé sa bibliothèque personnelle, son Panthéon littéraire, et l'a envoyé dans un café parisien. Adrian Brody en Dali, Hemingway, Francis Scott Fitzgerald et Zelda, Picasso... C'est le Paris d'avant le surréalisme qui fourmille, qui bruisse de papier et d'inspiration, qui crée et qui aime, qui danse et qui se quitte, au soleil ou sous la pluie, à midi mais surtout à minuit...! Je ne suis pas Parisienne, ni forcément attachée à cette ville, mais croiser la boutique Shakespeare du 5e, le quai des Grands Augustins, les bouquinistes... sous la pluie, c'est romantique à souhait, n'est-ce pas Mademoiselle qui vend des vinyles de Cole Porter ?

Les Américains, avec leur accent si délicieux quand il parlent français, les références culturelles, quelques peu hermétiques si l'on ne les connaît pas, la petite morale de simplicité, le mystère qui plane sur le destin de Gil - dont on devine sans savoir l'aboutissement, qu'il est bon écrivain -, tout cela me donne terriblement envie d'aller causer un brin avec Aragon de son ami Aurélien, sous la pluie. Ou bien de me demander qui de Rose ou Camille fut l'épouse de Rodin.

* Petit jeu, cherchez quel est le titre de ce Folio.
** Vous pouvez aussi manquer les cinq premières minutes, qui ne sont que des vues diapos de Paris. Mais comme le film est court, vous risquez de rester sur votre faim.